mercredi, juillet 26, 2017

"Femme du monde", de Didier Goupil (France)

C’est un livre que peut-être on ne trouve plus dans les librairies que je viens de retrouver dans ma bibliothèque. Un de ces livres qu’on découvre par hasard, et qu’on oublie plus, et qui vous obsède. 105 petites pages racontent l’histoire de Madame, une vieille dame qui vit au Ritz à Paris, aime le thé et les bains brûlants, se promène dans Paris sur les traces de Proust et de Racine, reçoit tous les jours un coup de fil de sa petite nièce.
Madame est diaphane, elle a traversé le vingtième siècle légère comme une ombre, femme du monde et femme du Monde et elle porte en elle les ombres du passé, d’un passé terrible qui nous est révélé peu à peu et qui est aussi le nôtre.
Madame va avoir cent ans et elle attend doucement, sans faire de bruit, de s’évanouir à jamais. A travers une prose musicale et précise où les silences sont aussi importants que les mots, Didier Goupil rend hommage à une femme au destin douloureux. 
Un récit très fort et très beau. Une sorte d’épure.

« Elle aime prendre son bain chaud, très chaud. Tellement des fois que sa baignoire finit par fumer autant que les enfers de Dürer. A la voir, couchée dans la marmite, seins fripés, ventre fané, on croirait d’ailleurs l’une des moindreries du peintre allemand, que la fourche va embrocher, ou la flamme du bûcher avaler. Madame fond avec les sels de son bain » (p25)

« L’après-midi elle file. Elle va trottiner au gré des rues. On dirait une brindille dans le vent. Dans les jerdins les plus fréquentés, elle déniche des coins secrets……….Elle a besoin de s’égarer. De se perdre pour de vrai » (p33)

« Puis elle est venue s’installer ici. Elle devait bien se poser quelque part. On ne peut indéfiniment porter sa coquille sur son dos. Il fallait qu’elle trouve un trou, quelque chose comme un terrier, et qu’elle disparaisse dans le décor. Il n’aurait servi à rien qu’elle s’expose, qu’elle s’égosille. Une fois, elle avait essayé de parler. Les gens avaient été gênés. A choisir, on la préférait sous X. Avec ses noms d’emprunt, ses gants à boutons, et son candide chapeau d’organdi….. » (p91)

Françoise Jarrousse
« Femme du Monde» de Didier Goupil (Editions Balland 2001 – Le Serpent à Plumes 2003)

1 commentaire:

  1. En me relisant je vois que j'ai fait une belle faute de grammaire! J'en suis désolée!!

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